ÉQUIPE DE SECOURISTES


L’équipe de secouristes est le deuxième maillon de la chaîne de secours.
Constituée de 3 ou 4 secouristes professionnels ou volontaires, elle est chargée
de transporter la victime du lieu de l’accident jusqu’au centre de secours où
elle sera prise en charge par un médecin. Les secouristes (ou ambulanciers)
disposent pour cela de véhicules de secours équipés. Ce maillon n’est
malheureusement pas présent partout. Quand une telle structure existe, il
est du rôle du médecin de participer à son organisation et à la formation du
personnel qui va constituer les équipes. Dans les pays à ressources limitées,
les blessés sont fréquemment transportés dans des véhicules privés ou de
transport en commun par des personnes qui n’ont aucune qualification, ce
qui peut entraîner une aggravation des lésions dues à l’accident. En l’absence
de secours organisés, les principes du secourisme (gestes et surveillance)
doivent être appliqués tout au long du transport improvisé.
A son arrivée sur les lieux de l’accident, l’équipe de secouristes :
• fait le bilan ;
• évite l’aggravation d’une fracture de la colonne vertébrale ;
• assure la liberté des voies aériennes ;
• donne de l’oxygène (si disponible) ;
• assure le contrôle des hémorragies externes, et emballe les plaies ;
• immobilise les fractures dans des attelles ;

• couvre le blessé ;
• transporte le blessé vers le service des urgences.
Bilan secouriste
Le bilan secouriste est détaillé. Il peut être divisé en 3 types d’informations :
• le bilan circonstanciel : regroupe les renseignements sur le type d’accident
et sur les circonstances (agression, accident de la circulation, chute,
hauteur de chute, vitesse à l’impact, choc direct ou indirect, notion
d’incarcération) ;
• le bilan fonctionnel : état de conscience, liberté des voies aériennes, état
des fonctions respiratoire et circulatoire. Selon le niveau de qualification
des secouristes et le matériel mis à leur disposition, ce bilan peut être
plus ou moins poussé. Il peut aller d’un simple chiffrage des constantes
vitales jusqu’à des éléments tels que la tension artérielle, l’oxymétrie de
pouls, le score de Glasgow, l’ECG … ;
• le bilan lésionnel : c’est une recherche systématique de toutes les lésions,
traumatismes et hématomes sur l’ensemble de la victime.
Libération des voies aériennes parbascule de la tête en arrière et subluxation de lamâchoire en avant
Éviter l’aggravation d’une fracture de la colonne vertébrale
Si le bilan circonstanciel laisse penser qu’il y a eu un impact, une chute ou un
traumatisme, même léger, les secouristes devront prendre toutes les mesures
nécessaires pour éviter une aggravation de l’état du blessé. Pour cela, il faut,
le plus tôt possible et tout au long de l’intervention, éviter les mobilisations
brutales et respecter l’alignement de la tête, du cou et du tronc de la victime.
Un secouriste doit se placer dès le départ dans l’axe du corps du blessé allongé
au sol et caler sa tête entre ses mains (prise latéro-latérale), en basculant
légèrement sa tête en arrière, afin de maintenir la LVA.
L’immobilisation systématique de la colonne vertébrale, en vue du transport,
est faite en fonction du matériel à disposition et doit être maintenue jusqu’à
la prise en charge médicale. On utilise souvent un collier cervical ou une
minerve pour immobiliser les vertèbres cervicales et un plan dur (spinal
board, brancard cuillère) ou un matelas immobilisateur à dépression (matelas
coquille) pour le reste de la colonne. La règle de base est le respect, tout au
long du bilan, du relevage et du transport, de l’axe « tête-cou-tronc ».
Liberté des voies aériennes et oxygène en inhalation
La bascule prudente de la tête en arrière doit être réalisée pour effectuer le
bilan fonctionnel de la victime et maintenue tout au long de l’intervention.
Le secouriste qui assure le maintien de la tête dans le cas de traumatismes
est chargé de cette LVA basique (Figure 4.11).
Dans le cas d’une victime inconsciente qui respire, la prise en charge va
dépendre, là encore, de la qualification des secouristes et du matériel à leur
disposition. Le minimum devrait être de mettre le blessé en position latérale
de sécurité. Réaliser la PLS à 3 (Figure 4.12) après avoir mis en place un collier
cervical permet de respecter l’axe tête‑cou-tronc dans le cas d’une suspicion
d’atteinte du rachis cervical. La mise en place d’une canule oro-pharyngée
(canule de Guédel) et l’utilisation d’un aspirateur de mucosité sont des plus
pour maintenir la LVA d’un blessé pendant son transport. De même, la mise
sous oxygène pendant le transport permet, dans les suites d’un traumatisme, de
stabiliser les fonctions vitales de la victime jusqu’à la prise en charge médicale.

Immobilisation des fractures des membres
L’immobilisation des membres va dépendre du matériel à disposition :
écharpes en tissu, attelles gonflables, à dépressions, modulables, fixes en
aluminium, en bois ou en carton. Là encore, la règle essentielle pour qu’une
immobilisation soit efficace est de bloquer les articulations sus- et sousjacentes
au foyer de fracture. La mise en oeuvre de toute immobilisation
dépend du matériel qui va être utilisé. En règle générale, il faut assurer un
calage manuel des articulations encadrant le foyer du traumatisme par un
ou deux secouristes, pendant que l’attelle est mise en place.
Pour la surveillance du blessé, il est recommandé que les secouristes
recherchent et notent, avant et après la pose du matériel d’immobilisation,
en aval du foyer de fracture, la présence des éléments suivants :
• motricité ;
• sensibilité ;
• pouls ;
• coloration ;
• température.

Mise d’une victime en position latérale de sécurité à trois secouristes

Relevage et transport
Comme nous l’avons vu plus haut, le relevage et le transport du blessé vers
l’hôpital sont les rôles essentiels du deuxième maillon de la chaîne de secours.
Quel que soit le moyen d’immobilisation utilisé, il faut que les secouristes
soient synchronisés pendant ces phases, afin d’éviter toute mobilisation de
la colonne vertébrale.
Sauf à utiliser du matériel spécifique tel que le brancard cuillère (scoop) qui
permet de relever un traumatisé à 2 secouristes, il est préférable d’effectuer
un relevage à 4 (à 3 au minimum) afin de mieux répartir la charge et d’éviter
les torsions de la colonne vertébrale.
Quelques exemples de relevage :
• le pont latéral : le brancard (ou tout autre moyen de transport) est
positionné parallèlement à la victime qui est soulevée, amenée au-dessus
du brancard et reposée

Relevage d’une victime à trois secouristes
selon la
 technique du pont
latéral

• le pont amélioré à 4 + 1 : le brancard est placé cette fois dans l’axe du corps
de la victime (de préférence à ses pieds). Le blessé est soulevé, le brancard
est alors glissé sous la victime qui est ensuite reposée. Cette technique, qui
implique la participation de 5 secouristes, est celle qui convient le mieux
aux traumatismes les plus graves car le blessé est simplement relevé dans
son axe sans translation. C’est le brancard qui bouge, donc les risques de
torsion de la colonne vertébrale sont moins importants

• le cas d’une victime en PLS : on peut appliquer l’une ou l’autre des
techniques de relevage décrites ci-dessus à une victime en PLS car, si
elle demeure inconsciente, elle devra être transportée sur le côté. Seule
la position des mains sur le blessé diffère, conformément au schéma cidessous

Quel que soit le relevage qui est pratiqué, il est impératif que les secouristes
agissent de manière synchronisée pour éviter les torsions. Pour cela, il faut,
avant que le relevage ne soit réalisé, que chaque secouriste connaisse :
• la technique qui va être mise en oeuvre ;
• sa position pendant le relevage ;
• les ordres du relevage.
Le secouriste qui va diriger le relevage du blessé (le chef) se place à sa tête
afin d’avoir en permanence une vue d’ensemble. Il va demander aux autres
secouristes de se positionner correctement sur la victime. Quelle que soit la
technique choisie, il est impératif que seul le chef parle pendant le relevage,
afin que la synchronisation soit parfaite. Il donne un ordre préparatoire
auquel les secouristes répondent quand ils sont prêts. Il donne ensuite un
ordre d’exécution, en fonction de la technique. Chacun veille à agir en même
temps que l’équipier qui le précède et le chef donne enfin un ordre pour poser
le blessé sur le brancard et chacun attend cet ordre pour reposer.
Voici un exemple pour le relevage en pont :
• le chef : êtes-vous prêts ?
• chaque secouriste répond à son tour : prêt !
• le chef : attention pour lever, … levez !
• le chef : envoyez le brancard !
• quand le brancard est correctement glissé sous la victime, le chef ordonne :
stop !
• puis : attention pour poser, … posez !
Une fois sur le brancard (ou tout autre moyen de transport), la victime
sera couverte, sanglée et transportée. Pour le transport, le chef dirigera la
manoeuvre de la même manière que pour un relevage, afin de synchroniser
l’action de l’équipe, d’éviter une chute de la victime ou une mobilisation
brutale qui pourrait aggraver son état.

PRINCIPES DE LA PRISE EN CHARGE
DES TRAUMATISÉS À L’HÔPITAL LOCAL



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