SECOURISME SUR LE TERRAIN ET TRANSPORT DU BLESSÉ







SECOURISME SUR LE TERRAIN ET TRANSPORT
DU BLESSÉ

Il est de la responsabilité du médecin qui accueille les urgences de connaître
et de s’assurer que la diffusion et l’enseignement des techniques de secourisme
auprès de la population et des personnes chargées des secours soient organisés.
LE TÉMOIN DE L’ACCIDENT
Le témoin de l’accident est le premier maillon de la chaîne de secours. Son

rôle est, dans l’ordre, de protéger, alerter et secourir

Protection
Avant tout, le premier témoin doit s’assurer qu’il n’existe plus de danger (pour
lui, la victime ou les tiers) avant d’approcher le blessé.
Deux cas de figure peuvent se présenter :
• le danger est contrôlable : le témoin doit l’écarter afin d’éviter le
suraccident ;
• le danger n’est pas contrôlable : le témoin se contentera de baliser la zone
dangereuse et transmettra l’alerte. Il procédera à un dégagement d’urgence
uniquement pour soustraire la victime à un danger réel, vital, immédiat et
non contrôlable, sans pour autant mettre sa propre vie en danger.
Alerte
Une fois la protection réalisée, le premier témoin va déclencher les secours
en transmettant un message d’alerte complet au service de secours adéquat.
Les moyens pour transmettre l’alerte diffèrent en fonction de l’endroit où l’on
se trouve, mais la généralisation du téléphone portable en fait le moyen le
plus souvent utilisé. Les numéros des services de secours sont différents dans
chaque pays. Une ébauche d’harmonisation est en cours, citons le 911 pour
les États-Unis, le Canada et beaucoup de pays du continent américain et le
112 pour la plupart des pays européens. Un message d’alerte doit contenir au
minimum la nature et le lieu de l’accident ainsi que le nombre de blessés. Il
est important que le premier témoin garde son sang-froid et se laisse orienter
par le service de secours avant de finir sa transmission d’alerte.
Premiers secours
Le premier témoin doit faire le bilan des fonctions vitales (neurologique,
respiratoire et circulatoire).
Contrôle de la conscience :
• posez une question simple : M’entendez-vous ?
• testez les réactions de la victime : Serrez-moi la main ! Ouvrez les yeux !

Si la victime parle ou réagit, interrogez-la sur son état, les douleurs ressenties et
les circonstances de l’accident … Si la victime n’a aucune réaction, cela signifie
qu’elle est inconsciente. Il faut alors poursuivre le bilan des autres fonctions
vitales et avant tout pratiquer la libération des voies aériennes (LVA).
Liberté des voies aériennes :
• desserrez tout ce qui peut gêner la respiration (ceinture, pantalon serré,
foulard, cravate …) ;
• réalisez une bascule prudente de la tête en arrière afin d’éviter la chute de
la langue et l’obstruction des voies aériennes (Figure 4.2). Pour cela, il est
recommandé de se placer au niveau de la tête de la victime. La main côté
tête est placée à plat sur le front. On place ensuite 2 ou 3 doigts de l’autre
main en crochet sous l’os du menton et le pouce vient pincer le menton.
Il faut alors tirer le menton vers le haut et pousser le front vers le bas pour
basculer délicatement la tête en arrière et permettre le passage de l’air. Cegeste est essentiel dans la prise en charge des victimes traumatisées.


Contrôle de la respiration :
Le premier témoin doit, tout en maintenant la tête basculée en arrière,
contrôler si la victime respire. Pour cela, il doit se pencher sur le visage de la
victime, sa joue à 2 ou 3 cm de la bouche, les yeux orientés vers l’abdomen
de la victime (Figure 4.3).
Le contrôle de la respiration se fait par la recherche des signes suivants :
• sentir le flux d’air sur sa joue ;
• voir les mouvements de la cage thoracique et/ou de l’abdomen ;
• entendre les bruits de la respiration de la victime.
Ce contrôle ne doit pas durer plus de 8 à 10 secondes :
• si le témoin voit un mouvement de la cage thoracique et/ou de l’abdomen,
s’il sent l’air expulsé par la victime ou s’il entend sa respiration, il devra placer
la victime au plus vite sur le côté en Position Latérale de Sécurité (PLS) ;
• si, au contraire, aucun des signes de la respiration n’est perçu, il devra
commencer sans tarder les manoeuvres de réanimation cardio-pulmonaire.

Position Latérale de Sécurité - PLS
Toute victime inconsciente qui respire doit être placée en PLS, quelle que
soit la cause de son inconscience.
Cette position a pour but d’éviter l’obstruction des voies aériennes par la
chute de la langue et de permettre l’écoulement des liquides (reflux gastrique,
sang ou salive) ailleurs que dans les voies respiratoires.
Description de la PLS (Figure 4.4) :
• le sauveteur se place au niveau de la taille de la victime allongée à plat dos ;
• il met le bras de la victime à angle droit, la paume de la main orientée
vers le ciel ;
• le sauveteur saisit ensuite la main de la victime opposée au côté du retournement
et vient la plaquer contre l’oreille afin qu’elle serve d’oreiller une
fois sur le côté. Il doit la maintenir ainsi jusqu’à la fin du retournement ;
• il saisit le genou de la victime opposé au côté du retournement et le relève
en laissant le pied au sol ;
• pour réaliser la rotation, le sauveteur va utiliser la jambe pliée de la
victime comme un bras de levier, pour la faire rouler sur le côté jusqu’à
ce que le genou touche le sol. La main est toujours maintenue calée en
guise d’oreiller ;
• une fois le retournement effectué, il faut caler la victime dans cette
position. Le sauveteur dégage délicatement sa main en maintenant le
coude du blessé. Le genou de la victime est remonté à angle droit : il sert
en quelque sorte de « béquille » pour éviter à la victime de tomber vers
l’avant. La bouche de la victime est ouverte et orientée vers le sol afin de
faciliter l’écoulement des liquides vers l’extérieur.figure 4.4
Figure 4.4 : Position latérale de sécurité par un seul sauveteur
Cas particuliers :
• la victime est retrouvée à plat ventre : si elle ne présente pas de trouble de
la respiration, elle sera laissée dans cette position. Le témoin basculera
légèrement sa tête en arrière et vérifiera sa respiration jusqu’à l’arrivée
des secours ;
• la victime est une femme visiblement enceinte : on la mettra en PLS côté
gauche au sol, afin que la masse foetale ne vienne pas comprimer la veine
cave inférieure de la mère ;
• la victime inconsciente qui respire présente des traumatismes sur l’un des
côtés : le côté atteint sera placé vers le sol car c’est celui qui est le moins
mobilisé.
Contrôle d’une hémorragie
Les hémorragies sont des détresses immédiatement vitales. Il est donc
important de former les premiers maillons de la chaîne de secours à les
reconnaître et à les traiter avant toute autre action. Les traumatismes
avec hémorragies peuvent être la conséquence d’accidents de la route, de
blessures par arme blanche ou arme à feu, ou être provoquées par des
mines antipersonnel … La définition simple d’une hémorragie en termes de
premiers secours est « une plaie qui saigne au point d’imbiber un mouchoir
de sang en quelques secondes ».
Il existe deux principes pour stopper une hémorragie :
• la compression locale ;
• la compression à distance.
Compression locale :
Elle consiste à comprimer directement l’endroit qui saigne, si possible, en
interposant entre la main du sauveteur et la plaie, un tampon épais propre
(torchon, pagne, serviette, mouchoir …). Pour faciliter le transport, ce
tampon épais peut être maintenu en place par un lien large (ceinture, cravate,
foulard …).

Figure 4.5: Compression locale d’une hémorragie

assez rapidement (Figure 4.5). La compression locale peut être effectuée
indifféremment sur un membre, la tête ou le tronc.

Compression à distance :
Si la compression locale est impossible à effectuer du fait de la présence
d’un corps étranger dans la plaie – que le premier témoin ne doit en aucun
cas retirer – en cas de fracture ouverte hémorragique ou si la compression
locale est inefficace, le sauveteur pourra tenter de stopper l’hémorragie par
une compression à distance, sous réserve que la plaie soit située sur un des
4 membres ou éventuellement sur le cou. Le principe de la compression à
distance est de comprimer l’artère principale qui alimente le membre sur un
plan osseux sous-jacent. Le point précis où l’artère est comprimée est appelé
point de compression.
• Le point de compression au pli de l’aine fonctionne pour tout le membre
inférieur. Il faut exercer une pression verticale, poing fermé et bras tendu,
au milieu du pli de l’aine pour comprimer l’artère fémorale contre la tête
du fémur (Figure 4.6).
Figure 4.6 : Compression de l’artère fémoraleau pli de l’aine

• Le point de compression huméral fonctionne pour la partie distale du
bras, le pli du coude et l’avant-bras. Il faut empaumer le bras de la victime,
positionner son pouce à la face interne du bras dans la gouttière entre le
biceps et le triceps et comprimer l’artère contre l’humérus en effectuant
une rotation en dehors.(Figure 4.7)

Figure 4.7 : Compression de l’artère brachialecontre l’humérus

• Le point de compression sous-claviculaire fonctionne pour tout le
membre supérieur. Il faut se placer dans l’axe du corps de la victime
allongée, la main ouverte, quatre doigts sous l’omoplate. Le pouce dans
le creux de l’artère sous-claviculaire exerce une pression vers les pieds
pour venir comprimer l’artère sur la première côte (Figure 4.8).

Figure 4.8 : Compression de l’artère sous-clavièresur la première côte

• Le point de compression à la base du cou fonctionne uniquement pour
une section de carotide. Il faut se placer perpendiculairement à la victime,
au niveau de sa tête, et comprimer l’artère carotide atteinte contre les
vertèbres avec le pouce placé à la base du cou et les autres doigts placés
derrière les vertèbres (Figure 4.9).

Figure 4.10 : Techniques de pose d’un garrot au bras et à la cuisse


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